Ce qui est passionnant dans ces trois analyses est la diversité des cas d'usage envisagés. Le tableau ci-dessous montre les points communs.
| Analyse Généatique | Analyse CGA | Analyse FranceGenweb |
|---|---|---|
| La reconnaissance d'écriture | Intelligence artificielle et transcription des archives généalogiques | La 5e révolution (épisode 3) |
| La traduction automatique | Intelligence artificielle et aide à la traduction | L’IA au service de la généalogie ? (épisode 1) |
| La production de contenu | Intelligence artificielle et biographies | Un blog non propulsé par l'IA mais qui vous en parle |
| Le Big Data généalogique | Non analysé | La 5e révolution (épisode 1) |
| La colorisation et la restauration d'images | Intelligence artificielle et photographie | Améliorer les photos anciennes |
| L'IA et les tests ADN | Intelligence artificielle et généalogie génétique | ADN et Généalogie (25e épisode) (parmi d'autres) |
Pour ce qui est des points qui ne se recoupent pas, le billet de Généatique aborde trois sujets originaux de l'analyse prédictive comme analyser les tendances migratoires d'une époque pour "retrouver" un ancêtre disparu, les chatbots pour nous suggérer des ressources à exploiter, la réalité virtuelle pour voyager dans le passé. Le CGA ajoute l'analyse des signatures, l'IA et la cartographie, les recensements et les arbres généalogiques. De notre côté nous avions souligné d'autres usages comme la génération de portraits robots ou les pseudo-conversations avec les défunts.
Ces billets passent à côté de deux sujets cruciaux.
Tout d'abord l'IA n'est pas exempte de biais et les deux principaux sont le biais de statistique majoritaire et le biais de nationalité. L'IA s'appuie sur des données nombreuses pour prédire le résultat le plus probable. Si cela fonctionne dans bien des cas (par exemple une analyse des flux de migration), cela n'est pas une vérité, et peut oublier de nombreux individus qui ont choisi des voies différentes ou subi des contraintes les ayant amené ailleurs. Le biais de nationalité, lui est prégnant lorsque vous posez une question à deux IA de nationalité différentes, par exemple en posant la même questions sur Taïwan à une IA américaine et une IA chinoise vous aurez des réponses sans doute opposées. Vous pourriez aisément avoir des différences sur les analyses historiques suivant que vous interrogez une IA française, anglaise, allemande ou américaine. Bien des batailles eurent des issues incertaines et les deux parties en se retirant on chacune de leur côté clamé la victoire.
Cela nous amène à nous poser la question de savoir à partir de quelles sources l'IA a été nourrie. Les sources de données sont limitées et les IA sont voraces, pour être précises il leur faut absorber de nombreux documents. Si nous ne sommes pas de grands fans du droit d'auteur (nous avons déjà expliqué pourquoi en 24 épisodes à ce jour, voici un lien vers le dernier opus), force est de constater que les grosses IA ne s'en embarrassent pas et agissent dans l'illégalité, Meta est le dernier à s'être fait prendre la main dans le sac mais Microsoft l'assume publiquement. L'association La Quadrature du Net nous décrit dans un article de blog intitulé "C’est pas de l’IA, c’est de l’exploitation dernier cri" les effets pervers de cette triple accumulation (de données, de capitaux et de ressources). Bien loin de résoudre les problèmes actuels de l’humanité grâce à une prétendue rationalité supérieure qui émergerait de ses calculs, « l’IA dans ses usages concrets amplifie toutes les injustices existantes. Dans le champ économique, elle se traduit par l’exploitation massive et
brutale des centaines de milliers de « travailleur·euses
(sic) de la donnée » chargées d’affiner les modèles et de valider leurs résultats. [...] Il faut écarter le paravent de l’exemple vertueux pour montrer les usages inavouables qu’on a préféré cacher derrière, au prix de la réduction pernicieuse des libertés et des droits.
La scientifique Sabine Hossenfelder nous rappelle également dans une vidéo récente (en anglais) que la question autour des IA n'est pas une question de profit mais de pouvoir, de domination.
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