Je pense qu'on doit en revenir a un débat d'idées et c'est pour ça qu'il me semble important de souligner le manque cruel d'arguments, et le recours à des sophismes. Ci dessous en italique les phrases de la tribune, et en caractères standards mes commentaires

  • le gouvernement a confirmé son souhait de demeurer le dernier pays européen, avec la Pologne, à maintenir l’interdiction de tels tests., C'est un sophisme dit de déshonneur par association. Il est connu que la Pologne a un jeu de lois parmi les plus rétrogrades en Europe en matière de lois de société, donc un argument neutre aurait été de dire, de demeurer parmi les deux derniers pays européens les interdisant.
  • Cette position, {...} serait justifiée par le peu de fiabilité de ces tests, assimilés à des instruments « récréatifs », ainsi qu’aux risques supposés liés aux vérités génétiques révélées par ces examens.. L'emploi du conditionnel est de trop, c'est la justification du corapporteur sur la loi bioéthique. Ajouter un conditionnel ne fait qu'essayer d'introduire le doute sur la validité des arguments qui suivent. Il est par ailleurs assez surprenant que le terme récréatif soit mis entre guillemets. Le mot est rejeté par ceux qui soutiennent la légalisation de ces tests. Si on en regarde la définition, le Larousse nous dit "qui divertit, détend" et dans les synonymes "distrayant". On a montré dans l'Episode8 que c'était bien ce que l'on pouvait en attendre
  • Une telle position {...} ignore une pratique largement répandue sur le territoire et ne prend pas en compte les avancées technologiques ayant permis de démocratiser l’accès à de tels tests.. On enchaine deux jolis sophismes le premier argumentum ad populum, qui insiste sur le fait que c'est beaucoup pratiqué pour justifier un point de vue. Pour en voir le biais cognitif, rappelons-nous de cette citation de Coluche « C'est pas parce qu'ils sont nombreux à avoir tort qu'ils ont raison. ». Suit le second argumentum ad novitatem. Si toute nouvelle technologie est meilleure que la précédente, elle n’est pas forcément utile ni au point. Une nouvelle idée, une nouvelle loi ne sont pas « forcément » meilleures, de même qu’un nouveau-né n’est pas le gage d’une meilleure personne.
  • Non, ces tests ne sont pas « récréatifs ». Ils sont la seule réponse à la quête d’identité de millions de nos contemporains cherchant à connaître leurs origines, qu’elles soient historiques ou biologiques. La connaissance de ses origines est un droit. On a là un joli sophisme de généralisation. Oui la connaissance de ses origines est un droit assuré par de nombreuses conventions internationales mais il s'agit d'assurer la connaissance de ses origines biologiques et non historiques. D'autre part comme tout droit il est opposable devant les tribunaux, et un juge a le droit de demander une analyse ADN afin d'établir une filiation. Enfin, en écrivant que ces tests sont "la seule réponse" (sic) on se trompe de combat. La législation française est l'une des rares (avec 3 autres pays européens) à accepter l'accouchement sous le secret (connu comme naissance sous X). N'est-ce pas en s'attaquant à cette partie du problème (comme l'Espagne en 1999), que l'on pourra donner à toutes ces personnes le droit de connaitre ses origines biologiques ? Pour les PMA, la loi de bioéthique révisée par les députés, propose la fin de l'anonymat du donneur, là encore on va dans le bon sens.
  • En France, la loi du 22 janvier 2002 relative à l’accès aux origines des personnes adoptées et pupilles de l’État reconnaît dans le code de l’action sociale et des familles « l’importance pour toute personne de connaître ses origines et son histoire ». On revient sur un sophisme de généralisation. Oui l'importance de connaître SON histoire est reconnue Je mets volontairement son en majuscule car il s'agit de la sienne personnellement, pas celle de ses ancêtres.
  • Non, ces tests ne sont pas dangereux. Si la France est à la traîne, voilà dix ans que des dizaines de millions de tests ont été passés ailleurs{...} sans qu’aucun trouble à l’ordre public n’ait été signalé. Cette fois ci c'est un sophisme d'ambiguïté. On joue sur le terme dangereux pour dire qu'il n'y a pas de trouble à l'ordre public. La dangerosité de ces tests est ailleurs ouvrant la porte à une utilisation policière comme aux USA (cf Episode9), à une utilisation de surveillance comme en Chine (cf commentaires de l'Episode9) sans parler des risques de cybersécurité (cf Episode14).
  • Toute étude d’impact sérieuse sur le sujet confirme que la part de paternités cachées possiblement révélées est infinitésimale vis-à-vis des souffrances soulagées de millions d’utilisateurs ayant trouvé des réponses à leurs questions. Encore un joli sophisme par argument d'autorité (Toute étude d’impact sérieuse) ce qui sous-entend qu'une étude qui dirait le contraire n'est pas sérieuse. Aucune citation de ces études, ce qui aurait été enfin un point d'appui argumentaire et la formulation différente entre un pourcentage infinitésimal et des millions d'utilisateurs, introduit un sophisme d'équivoque qui donne une fausse impression que les nombres sont très différents.
  • Oui, ces tests sont fiables. On ne peut, en même temps, reprocher à ces tests de révéler des liens de parenté biologiques différents des liens connus et de n’être pas fiables.. Pour une fois l'argument pointe un sophisme de ceux qui s'opposent à la légalisation de ces tests. Néanmoins, il y a sans doute un sophisme de généralisation. Si le lien de parenté peut être montré, cela ne fonctionne pas aussi précisément sur plusieurs générations, car un loci s’obtient par héritage génétique, par recombinaison ou par mutation (cf Episode19) . Seul le premier cas est supposé par les entreprises qui commercialisent ces tests.
  • Ces tests ne doivent pas être confondus avec les tests de pronostic médical qui se développent par ailleurs sans réel cadre scientifique.. On est enfin d'accord sur quelque chose !
  • La légalisation des tests génétiques à visée généalogique n’a pas vocation à être généralisée à l’ensemble d’une population, elle relève de la liberté individuelle. Et bien justement non ce n'est pas une liberté individuelle mais collective comme l'a montré la CNIL (cf Episode15)