Plaintes et Doléances de Saint-Gondon (extrait)
Extrait des Plaintes et Doléances de Saint-Gondon, transcription Gérard Perche
COLLECTION DE DOCUMENTS INEDITS
SUR L’HISTOIRE ECONOMIQUE DE LA REVOLUTION FRANCAISE
Publiés par le Ministère de l’Instruction publique
DEPARTEMENT DU LOIRET
CAHIERS DE DOLEANCES
DU
BAILLIAGE D’ORLEANS
POUR LES ETATS GENERAUX DE 1789
PUBLIES PAR
Camille BLOCH
INSPECTEUR GENERAL DES BIBLIOTHEQUES ET DES ARCHIVES
ARCHIVISTE HONORAIRE DU DEPARTEMENT DU LOIRET
Tome premier
ORLEANS
IMPRIMERIE ORLEANAISE
68. Rue Royale. 68
1906
Extrait des cahiers de doléances du bailliage d’Orléans pour les Etats généraux de 1789 publiés par Camille Bloch, Orléans, Imprimerie orléanaise, 1906, pages 377 à 381
SAINT-GONDON
Dép. Loiret. Arr. et Con . Gien.
Gén. Orléans. El. Gren. Gien. Dioc. Bourges
Jousse. – 275 feux. Duc de Sully. Haute justice de Sully. Assemblées les deux dimanches avant la Toussaint. Br. de Gien . A 1 lieue ½ de Gien et 14 d’Orléans. Route de Sully à Gien. Sur la rivière de Quionne. Plaine élevée.
1768. – 152 feux. Duc de Sully. Vigne.
Dîme. – Le 24e.
Taille de la paroisse en 1788.- 3,836 l., dont 1,750 pour le principal et 2,086 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. - Assemblée électorale le dimanche 1er mars 1789, au lieu ordinaire où se tiennent les assemblées, sous la présidence de Jean BOUZEAU, ancien expédiant de la justice et baronnie de Saint-Gondon, en l’absence du bailli et des autres officiers qui le précèdent.- Population : 150 feux. –
Comparants : Maître Pierre-Joseph BEZARD, syndic ; sieurs Jean GAURIER, Pierre POUPRé, Vrain-François GARNIER, Noël AMIOT, Jean POUPRé, Hubert PIERRE, Jean MENEAU, Pierre-Louis LEPROU, François LEPROU, François ROBINET, François DUBé, Joseph BARDIN, Jean DELAS, Henri GUERIN, Jean-Chrysostôme THIBAULT, Edme-Alexis VILLEROY, Sylvain MOLINET, Michel MOLINET, André ROBERT, Michel ROBINOT, Etienne CHOLET, Etienne BOURASSIN, Vrain BLONDEAU, Barthélémy GARNIER père, Antoine VRILLET père, Antoine VRILLET fils, Barthélémy GARNIER fils, Pierre RENAT, Gondon MICHAU, Jérôme BLOT, Louis AGOYé, Jean VILLOING, Jean GASTELLIER, Jacques THOMAS, François TIXIER, Martin BOUIN, Alexis MICHAU, Pierre TOUZEAU, Pierre BOUREUX, André BOUREUX, François VANNIER, Sébastien BOURGEOIS, Joseph BROSSE, Jean BARDIN, Jacques DURAND, Piere MOIREAU, Etienne CHESNé, Etienne AVEZARD, Etienne MICHAU, Jean JUILLIEN, Simon PLAND, Jean BOURASSIN l'aîné, Vincent MICHAU, Michel SOUEME, Jean GESTAT, Pierre MARIN, Gondon BOURASSIN, Edme GAURIER, Pierre COMMAILLE père, Pierre COMMAILLE fils, François ROBERT, Jean BLOT, Pierre MICHAU, Jean LECLERC, Joseph MOLINET, Pierre ROUSSEAU, Germain BLONDEAU, Pierre LEPLAT, François POUILLOT, Jacques LABBé, Michel BARDIN, Louis BONGIBAULT, Simon BONGIBAULT fils, Jean BONGIBAULT, Antoine GAURIER, François CROTER, Pierre MIDOU et autres, formant la plus saine partie desdits habitants de la paroisse dudit Saint-Gondon.-
Députés : Pierre-Joseph BEZARD , Jean GAURIER.
Population en 1790. – 724 habitants.
Cahier des plaintes et doléances de la ville et paroisse de Saint-Gondon
présenté à M. le lieutenant général d’Orléans pour les Etats généraux.
Obéissons aux ordres de notre souverain et promettons avec serment d’y être toujours fidèles. Cet auguste monarque désire connaître le sujet de nos mécontentements, et veut améliorer le sort de ses sujets. Les députés que vient de nommer notre petite ville de Saint-Gondon, chargés de nos intérêts, porteront au pied du Trône, par la voie des Etats généraux, nos hommages et nos vœux, y feront parvenir nos plaintes et nos doléances, et Sa Majesté, attentive, ne dédaignera pas de les écouter et d’y avoir égard.. Dans cette douce espérance, nos députés requerront :
1° Qu’il plaise à Sa Majesté conserver la religion catholique, apostolique et romaine, la maintenir dans l’union et la paix, et la défendre contre ses ennemis ;
2° Qu’il plaise à Sa Majesté fixer le revenu de la cure de notre paroisse à 2,000 livres, une dotation proportionnelle pour un vicaire, à la charge par le curé et le vicaire de n’exiger aucune rétribution forcée, et, en outre, par le sieur curé, de [se] charger d’instruire la jeunesse ou de la faire instruire par un maître et lui payant une somme ; d’assurer une somme annuelle pour l’entretien de la nef de notre église et du presbytère, en réunissant à la cure et à l’église le revenu du prieuré, qui est un bénéfice simple, inutile à la paroisse, et seul décimateur ;
3° Qu’il plaise à Sa Majesté de supprimer le droit de contrôle des actes des notaires, qui se perçoit de la manière la plus irrégulière, à la fantaisie des commis, qui souvent ne savent pas ce qui leur est dû. Le contrôle n’étant qu’un enregistrement des actes notariés, le greffier du bailliage peut être substitué à la place du contrôleur, et ne percevoir, pour cet enregistrement, qu’une somme modique et fixe ;
4° Qu’il plaise à Sa Majesté de supprimer le droit d’entrée dans les villes et les impôts sur le vin, comme source d’une infinité d’injustices et gênant le commerce de cette partie ;
5° Qu’il plaise à Sa Majesté diminuer les impositions de la taille, qui ont augmenté graduellement, depuis un certain nombre d’années, par différents impôts y annexés, qui étaient supportés également par tous les ordres taillables et non taillables et qui ne le sont aujourd’hui que par les taillables ; qu’il plaise à sa Majesté de faire supporter cet impôt par tous les ordres des citoyens, suivant leurs facultés, de supprimer la corvée telle qu’elle est établie aujourd’hui, comme l’impôt le plus insupportable de tous, et d’obliger les paroisses à entretenir les routes, chacune sur leur terrain.
6° Représenteront nos députés que de tout temps on a rendu la justice à Saint-Gondon une fois tous les quinze jours ; que de tout temps il y a eu un bailli, un procureur fiscal et un notaire résidents, et qu’aujourdh’hui nous avons le chagrin de nous en voir privés ; requerront donc nos députés qu’il plaise à Sa Majesté rétablir notre justice, d’y faire résider, comme ci-devant, un bailli, un procureur fiscal et un notaire, afin d’y tenir siège tous les quinze jours, faire la police, maintenir le bon ordre et veiller à la sûreté des habitants ; que les dépenses que nous sommes obligés de faire en nous transportant à plus de troies lieues pour terminer nos affaires soient diminuées, et les procédures abrégées. Depuis l’absence des officiers de justice, le pupille est frustré de ce qui lui appartient légitimement, par le défaut des scellés, et la veuve se trouve privée de toute protection. On est obligé de faire sept lieues pour les tutelles et curatelles, tandis que ces actes devraient se faire sur le lieu.
7° Représenteront nos députés qu’autrefois il y avait dans notre petite ville un hôtel-Dieu dont les fonds ont éré transférés à Sully, à charge de recevoir deux malades de Saint-Gondon ; mais comme il y a plus de trois lieues de notre ville à Sully, il est impossible d’y conduire un malade presque agonisant, surtout dans les chaleurs de l’été et dans les rigueurs de l’hiver ; la plus grande difficulté est de trouver des voitures. Requerront nos députés qu’il plaise à Sa Majesté de faire revenir les fonds transmis à Sully, afin d’en disposer par nous-mêmes et sur les lieux, soit en sollicitant les pauvres malades dans leurs maisons, soit en établissant un hospice pour les y recevoir.
8° Représenteront nos députés que les habitants de la campagne, qui souvent n’ont d’autres ressources que le profit de leurs bestiaux, ont le désagrément d’en prendre un très grand nombre, faute de secours ; ils requerront qu’il plaise à Sa Majesté d’établir un médecin-vétérinaire de trois en trois lieues ou au moins dans toutes les villes ; de faire défense, sous peine de punition, à tous ces ignorants de la campagne, qui, sans aucune lumière, s’ingèrent de traiter les maladies des bestiaux, de le faire à l’avenir ; de faire arrêter ces charlatans de toute espèce qui débitent des prétendus secrets qui n’ont d’autres effets que de subtiliser l’argent du public trop crédule ; de même que ces renoueurs et renoueuses, qui, sans aucun principe, se disent très experts dans cet art, et d’obliger les femmes qui, sans aucune étude des accouchements, ont cependant la témérité de les pratiquer, à se faire instruire par des maîtresses sages-femmes ou des accoucheurs habiles.
9° Requerront enfin nos députés qu’il plaise à Sa Majesté diminuer de moitié le prix du sel ; comme cette denrée est absolument nécessaire à la vie humaine, elle est montée à un haut prix pour que le bas peuple, presque toujours dans la plus trop grande indigence, puisse se la procurer sans se priver d’autres choses presque aussi essentielles.
Fait et arrêté en l’assemblée paroissiale de Saint-Gondon, le 1er mars 1789.
(Suivent 17 signatures : celles de Bezard ; Rousseau ; Bourasin, etc.)
Liste des comparants en format texte et classés par ordre alphabétique
Louis AGOYé, Noël AMIOT, Etienne AVEZARD, Jean BARDIN, Joseph BARDIN, Michel BARDIN, Pierre-Joseph BEZARD (député), Maître Pierre-Joseph BEZARD, syndic, Vrain BLONDEAU, Germain BLONDEAU, Jean BLOT, Jérôme BLOT, Jean BONGIBAULT, Louis BONGIBAULT, Simon BONGIBAULT fils, Martin BOUIN, Etienne BOURASSIN, Gondon BOURASSIN, Jean BOURASSIN l'aîné, Pierre BOUREUX, André BOUREUX, Sébastien BOURGEOIS, Jean BOUZEAU (présidence), Joseph BROSSE, Etienne CHESNé, Etienne CHOLET, Pierre COMMAILLE père, Pierre COMMAILLE fils, François CROTER, Jean DELAS, François DUBé, Jacques DURAND, Barthélémy GARNIER fils, Barthélémy GARNIER père, Vrain-François GARNIER, Jean GASTELLIER, Antoine GAURIER, Edme GAURIER, Jean GAURIER (député), Jean GAURIER, Jean GESTAT, Henri GUERIN, Jean JUILLIEN, Jacques LABBé, Jean LECLERC, Pierre LEPLAT, François LEPROU, Pierre-Louis LEPROU, Pierre MARIN, Jean MENEAU, Alexis MICHAU, Etienne MICHAU, Gondon MICHAU, Pierre MICHAU, Vincent MICHAU, Pierre MIDOU, Piere MOIREAU, Joseph MOLINET, Michel MOLINET, Sylvain MOLINET, Hubert PIERRE, Simon PLAND, François POUILLOT, Jean POUPRé, Pierre POUPRé, Pierre RENAT, André ROBERT, François ROBERT, François ROBINET, Michel ROBINOT, Pierre ROUSSEAU, Michel SOUEME, Jean-Chrysostôme THIBAULT, Jacques THOMAS, François TIXIER, Pierre TOUZEAU, François VANNIER, Edme-Alexis VILLEROY, Jean VILLOING, Antoine VRILLET fils, Antoine VRILLET père