Montsalvy sous la Révolution
Source : " Le pays d'où l'on vient " édité par l'amicale du Canton de Montsalvy (informations fournies par R. Bobis le 12/12/1998 et confirmées par Bernard Lassale et Jeff Souquières en janvier 2000).
Les registres des délibérations municipales de Montsalvy permettent de suivre presque journellement l'administration d'une petite ville et d'un canton pendant la période révolutionnaire. Nous en avons extrait, sous forme d'éphémérides, les faits les plus saillants, reflet fidèle de l'histoire générale.
Sommaire
1790
Le dimanche 7 février, les habitants de Montsalvy furent convoqués à la maison de ville, à l'issue de la grand'messe, à l'effet d'élire, conformément au décret de l'Assemblée nationale du 14 décembre 1789, un maire et cinq officiers municipaux. 76 " citoyens actifs " prirent part à ce vote, parmi les noms desquels nous relevons ceux de Guillaume Bonnet, avocat, syndic, qui, avec Antoine Delmas, notaire royal, Pierre Bastide, marchand, Pierre Casses, notaire royal, Antoine Goubert, Antoine Verdier, notaire royal, et Antoine Courchinoux, composaient la municipalité en exercice.
Etaient aussi présents : Jean de Méallet, seigneur abbé de Montsalvy, Joseph Jalenque, chanoine et curé, Jean-Claude de Turenne, écuyer, Guillaume Montarnal, Bernard Rigal, Guillaume Fédou, Michel Picou, chirurgien, Joseph Malvezin, etc.
Me Pierre Casses, notaire roval, Raymond Arnal, aîné, Antoine Goubert aîné, Antoine Verdier, Jean-Baptiste Boissonnade, notaire, et Antoine Courchinoux furent élus, le premier, maire, les autres, officiers municipaux.
Le lendemain, on procéda à l'élection du procureur de la commune et de 12 notables. Ce furent Antoine Delmas, notaire, pour la première fonction, et Guillaume Lagarde, J.-B. Garrouste, Antoine Picou, Pierre Bonnet, Michel Picou, chirurgien, Bernard Rigal, François Fabre, Joseph Jalenque, curé et chanoine, Pierre Bastide, chirurgien, Raymond Puech, Jean Sérieys et François Bromet pour remplir le rôle de notables.
Les nouveaux élus prêtèrent, le dimanche suivant 14 février, le serment " de maintenir de tout leur pouvoir la constitution du rovaume, d'être fidèles à la nation, à la Loy et au Roy, et de bien remplir leurs fonctions. "
Le même jour eut lieu l'installation de la nouvelle municipalité, et le maire, M. Casses, prononça un discours dont voici certains passages : " Vous venez de voir, avec satisfaction sans doute, la prompte transmission des places et de vos fonctions, principes sur lesquels doivent reposer la liberté publique et l'égalité patriotique des citoyens ; vous devez vous apercevoir aussi que la jouissance de ces biens précieux doit dépendre de l'esprit de concorde et de ces sentiments patriotiques qui doivent régner parmi nous...
Nos places nous imposent une charge non moins pénible que difficile à remplir et qui ne se trouve pas dans les autres corps municipaux : c'est l'aumône qui se distribue tous les carêmes dans cette paroisse ; elle est destinée pour les pauvres citoyens qui l'habitent. Que leur triste situation et les pleurs que leur indigence leur fait répandre, brisent nos coeurs et excitent notre zèle. Loin de nous tout autre motif ! Que le véritable pauvre jouisse du bienfait du fondateur ; encore loin de nous toute autre réclamation que celle de l'indigent !...
Nos places nous imposent encore, messieurs, une autre charge qui ne mérite pas moins nos attentions : c'est celle de la distribution des impôts. Le pauvre citoyen dans sa modeste chaumière ne mérite pas moins nos regards que le riche dont le faste est, pour l'ordinaire, le motif qui le distingue.
Nous sommes encore obligés de faire jouir les habitants de cette paroisse des avantages d'une bonne police, notamment de la propreté, de la salubrité et de la tranquillité des rues, lieux et édifices publics. "
Après quoi, le conseil de la commune nomma secrétaire-greffier, Jean-François Faliès et, comme trésorier, Pierre Bastide ainé.
Le 7 mai, M. de Méallet Delbos, chevalier de Saint-Louis, commandant de la garde nationale de Montsalvy, se présenta devant le corps municipal, avec d'autres officiers. Il était accompagné de MM. Lambert et Monvissier députés du Comité militaire de la garde nationale de Clermont-Ferrand, qui demandèrent, "conformément aux décrets de l'Assemblée " que la municipalité de Montsalvy autorisât la garde nationale de cette ville à participer à la fédération des gardes nationales. Cette autorisation fût accordée par le corps municipal, " applaudissant au zèle patriotique de la garde nationale de Clermont. "
Le 14 juin au soir, un attroupement de gens armés, disant appartenir à la garde bourgeoise, parcourut les rues de la ville. Cette bande se rendit à la maison commune et tenta de s'emparer des armes de la ville, pendant que deux autres détachements allaient, le premier couper les arbres des forêts du prévôt, le second préparer un banquet dans l'église. La municipalité prit un arrêté défendant les attroupements et mit les forêts sous sa protection.
La fête de la Fédération, instituée pour commémorer l'anniversaire de la prise de la Bastille, fut célébrée avec éclat à Montsalvy, le 14 juillet " pour transmettre l'époque mémorable de ce jour heureux, auquel les Français sont ressuscités à la Liberté ". Voici le procès-verbal de cette fête :
" En conséquence, le son des cloches commença hier de porter aux pieds du trône du Tout-Puissant nos voeux et nos actions de grâces, et d'annoncer au peuple la confédération fraternelle de la France entière qui se raffermit aujourd'hui dans la capitale. La municipalité s'étant rendue en corps, après onze heures du matin, à l'Hôtel de Ville où la garde nationale sous les armes est venue lui annoncer la messe et la conduire à l'église, elle a marché au son des tambours, au milieu des drapeaux. Autour de midi, le clergé a chanté le Veni Creator, puis M. le curé a célébré la messe à l'autel dédié à Saint-Louis; ensuite, il est monté en chaire, a fait un discours très analogue à la circonstance et capable d'enflammer de zèle les coeurs les plus refroidis; il a renouvelé, le premier, le serment solennel. A peine a-t-il fini que MM. les officiers de la garde nationale, à la tête de leur troupe, et au pied de l'autel, ont fait à haute voix le même serment.
La troupe rangée en deux lignes a suivi leur exemple et le peuplele a jeté le même cri mêlé de larmes de joie. La cérémonie a fini dans l'église par le Te Deum chanté par MM. les ecclésiastiques. Le reste de la journée s'est passé en divertissements et dans une parfaite tranquillité.
" L'astre du jour ayant fini sa course, le son des instruments a fait rassembler le peuple et la troupe nationale sous les armes, sur la place Saint-Antoine où on avait planté un grand mât, préparé un feu de joie et d'artifices, et fait porter du vin à discrétion. Pendant que le feu poussait rapidement ses flammes vers le ciel, le peuple y poussait ses voeux et ses cris d'acclamation. Le bruit des instruments, le choc des verres, les coups de fusils et de pistolets, les chants d'allégresse, les danses, les illuminations et les rasades qu'on a bues continuellement en criant avec le plus vif transport de joie : " Vive l'auguste Assemblée nationale ! vive notre roy ! vive la confédération des Français ! " ont peint sur tous les visages l'excès du contentement et du plaisir. et tout le monde n'a respiré que la concorde et l'union les plus intimes ".
Le 15 août, la municipalité rédigea une adresse à l'Assemblée nationale, tendant à pouvoir disposer de l'ancien réfectoire des chanoines, pour servir à perpétuité d'Hôtel de Ville.
1791
Le 25 janvier eut lieu l'inventaire des ornements et vases sacrés de l'église paroissiale de Montsalvy. " Ceux des dits vases et ornements jugés nécessaires au service divin furent laissés au curé, avec permission de les prêter aux ci-devant prévôt et chanoines pour dire la messe, et le surplus, mis et déposé dans des armoires, afin qu'ils ne dépérissent et les scellés mis sur iceux, ensemble sur les titres, papiers. "
Le 27 février, l'abbé Joseph Jalenque, curé de la paroisse, " est monté en chaire, où il a fait le prône sur l'évangile du jour, après lequel il a porté les assistants à l'union et à la paix, et exhorté à obéir aux décrets de l'Assemblée nationale, et a dit que ces décrets sanctionnés par le roi lui exigent de tous les fonctionnaires publics un serment. Et pour s'y conformer et à ses instructions, il a fait et prêté son serment devant le Conseil général de la commune et autres citoyens dans la forme suivante : " Je jure de veiller avec soin sur les âmes qui m'ont été confiées par l'Eglise, d'être fidèle à la Nation, à la loi et au roi, de soutenir la constitution civile du clergé, décrétée par l'Assemblée nationale, pour tout ce qui concerne le temporel seulement. "
L'abbé Jalenque ne resta pas longtemps en fonctions. Il dut rétracter son serment, car on le trouve, quelques mois après, remplacé par un curé assermenté nommé Lintilhac. L'entrée en fonctions de celui-ci donna lieu à des récriminations et à des vexations de la part des fidèles. Il ne semble pas d'ailleurs que l'administration municipale de Montsalvy fut favorable au nouveau pasteur. Une délibération du 30 octobre, dans laquelle sont consignées les plaintes de l'abbé Lintilhac contre l'attitude de la population à son égard, se termine par ces mots :
" Il résulte de ce dessus que ce ne peut être que pour de mauvaises fins, que le sieur Lintilhac s'est permis des inculpations graves contre la ville, paroisse de Montsalvy et les individus qui la composent. Quoiqu'elles soient fausses en elles-mêmes et démenties par la propre conduite que le sieur Lintilhac a tenue dans le séjour qu'il a fait à Montsalvy, cela ne décèle pas moins en lui un caractère oppresseur qui d'avance aurait voulu donner des mauvaises impressions aux corps administratifs contre les habitants de la paroisse de Montsalvy et que, par là, il serait bien difficile que les individus peuvent avoir en lui la confiance qui doit régner entre les paroissiens et le pasteur. L'Assemblée délibère qu'elle ne cessera de solliciter les corps administratifs de donner à la paroisse de Montsalvy un autre curé que le sieur Lintilhac. "
1792
Cette année fut marquée, dans le Cantal, par les excès qui accompagnent d'ordinaire les révolutions, et par lesquels les plus exaltés parmi les vainqueurs du jour font éprouver leur supériorité aux maîtres de la veille.
Le meurtre de l'ancien lieutenant-criminel Colinet de Niossel, à Aurillac, fut le signal de ces désordres. Cet assassinat fut moins le fait des habitants d'Aurillac que de ceux d'Arpajon, conduits par Jean-Baptiste Milhaud. Celui-ci avait été, lors de la fédération des gardes nationaux du 14 juillet 1791, élu commandant en chef des forces confédérées. C'était un de ces hommes qui se trouvent mal à l'aise dans les limites de la vie courante. Tempérament d'aventurier, il eût marqué deux siècles plus tôt, parmi les plus fameux condottieri. Il vit dans la Révolution un moyen de donner libre cours à sa nature ardente, et il eût eu sans doute la destinée de son compatriote Carrier, si les guerres de la République et de l'Empire n'eussent donné à son activité un but plus légitime.
Après la mort de Colinet de Niossel, Milhaud entraîna ses hommes dans une sorte de randonnée contre les-châteaux des ci-devants et les localités suspectes d'incivisme. A ce dernier titre, Montsalvy, dont le maire, M. Casses, était suspect de modérantisme, et dont les habitants étaient soupçonnés de favoriser le curé réfractaire, l'abbé Jalenque, qui se cachait dans la campagne, devait recevoir leur première visite.
Le 19 mars, à 10 heures du matin, une troupe de 2.400 hommes armés de fusils à baïonnettes, de pistolets, de sabres, de piques, etc., et commandée par Milhaud et un autre Arpajonnais nommé Vaurs, se répandit dans la ville.
" L'autorité des officiers municipaux, lit-on dans les registres de délibérations, la force de la garde nationale de Montsalvy, tout a dû plier sous la force majeure d'une faction dirigée sans aucun ordre et méprisant toute loi. Ils ne furent pas plutôt arrivés à Montsalvy qu'ils y donnèrent le manifeste du brigandage ; ils établirent leur corps de garde dans l'église qu'ils profanèrent et de suite ils investirent toutes les maisons, enfoncèrent les portes des maisons et des caves des habitants que la crainte avait fait abandonner. Ils pillèrent et enlevèrent tous les approvisionnements des maisons, volèrent l'argent qu'ils purent trouver tout comme le linge et le meuble qui tombaient sous leurs mains... Un groupe se rendit dans la maison de M. Casses, maire ; ils y burent tout son vin jusqu'au dernier verre, s'emparèrent de tous ses approvisionnements, et encore non contents, ils cassèrent et brisèrent toutes les vitres des fenêtres, et enlevèrent tous ses meubles et vêtements... Ils y firent leur mangeaille pendant toute la nuit, tuèrent toute sa volaille, six dindons... enlevèrent et foulèrent aux pieds ses propres titres, minutes, terriers, dont il était détenteur comme notaire... Cette expoliation et brigandage qui se porte à plus de 30.000 livres occasionne à Montsalvy une perte incomparable ".
En quittant Montsalvy, la même bande incendia les châteaux de Montlogis, de Labesserette et de Sénezergues.
Cette randonnée ne fut pas sans causer d'alarmes aussi bien aux populations qu'aux corps constitués. Dans sa séance du 5 avril 1792, le Conseil général du Cantal prenait l'arrêté suivant :
" L'Assemblée, profondément affligée des malheurs qui ont eu lieu dans ce département, au sujet du massacre du sieur Colinet, des incendies et démolitions qui ont détruit plusieurs maisons, du pillage qui a été exercé sur les meubles et effets, des exactions commises par des contributions forcées envers les personnes, en approuvant la conduite et les mesures du directoire du département pour la réparation de tant de délits et les faire cesser, a arrêté de recourir à tous les moyens que la loi met en son pouvoir, pour arrêter la suite funeste de tant de maux, pour faire respecter les personnes et les propriétés, pour rétablir l'ordre et le calme dans ce département, faire punir les auteurs, fauteurs et complices des délits, et faire triompher la loi. "
Durant la même séance, une députation de citoyens d'Aurillac exprimait à l'Assemblée, par la bouche du curé Vanel " les sentiments qu'inspire le patriotisme le plus pur, en assurant l'Assemblée que les habitants de cette ville ne négligeraient rien pour maintenir le bon ordre et protéger la liberté des opérations de l'Assemblée qu'ils mourraient plutôt que de souffrir jamais que le désordre se renouvelât dans l'enceinte de ses murs " .
Le lendemain, le Conseil général recevait le décret de l'Assemblée nationale rendu à l'occasion des mêmes troubles. La garde nationale d'Arpajon était dissoute et ne devait être réorganisée que lorsque le calme serait complètement revenu dans le Cantal. La conduite du directoire du département était approuvée, mais celle de la municipalité d'Aurillac était blâmée pour "avoir négligé d'user des moyens que la loi mettait à sa disposition, lors des attroupements et excès commis sur son territoire. "
Le Conseil général du département prenait aussitôt un arrêté d'après lequel "les officiers municipaux des paroisses dans lesquelles il a été commis des exactions ou fait des levées de contributions forcées seront tenus de remettre sur le champ, entre les mains des secrétaires de leurs districts respectifs, toutes les sommes et effets dont ils seront dépositaires, sous peine d'être dénoncés et poursuivis comme auteurs, fauteurs ou complices des désordres ".
Le 7 avril, la même Assemblée approuvait le projet suivant d'adresse aux citoyens du département
" ... Vos administrateurs viennent vous désabuser de l'erreur funeste où quelques-uns d'entre vous paraissent avoir été induits, que la désobéissance aux lois, la persécution, le meurtre, le brigandage, sont quelquefois des actes de patriotisme, comme si le crime pouvait jamais devenir une vertu. Ils viennent vous dire franchement, amicalement, vos torts, vous indiquer les moyens de les réparer autant qu'il est encore possible... Un crime affreux a été commis dans Aurillac ; il a été commis de sangfroid et presque sans résistance, sur un citoyen innocent, par des hommes qui osaient se dire patriotes, et sous les yeux d'autres hommes également jaloux du même titre... - Ce meurtre a été le signal d'une multitude d'autres désordres. Les maisons ont été brûlées ou démolies, les meubles brisés ou enlevés, les provisions pillées, des exactions odieuses arrachées arbitrairement à des citoyens sans défense... - Les délits vont être dénoncés ; les juges informeront ; on connaîtra les coupables et ils seront punis. Mais, en sévissant avec une juste rigueur contre les principaux auteurs des désordres, les tribunaux distingueront sans doute une multitude de citoyens égarés plutôt que rebelles, entraînés dans les attroupements par violence, par faiblesse ou par erreur. Ceux-ci ont de grands droits à l'indulgence. Ils peuvent encore les augmenter par leur prompte soumission à la loi, par leur empressement à restituer au secrétariat de leur district tous les objets provenus des pillages, toutes les contributions arrachées par la force, ou en déclarant au même secrétariat les noms des personnes entre les mains desquelles ils ont connaissance qu'il a été fait de pareils dépôts. Quant aux scélérats endurcis dans le crime et incapables de remords, qu'ils tremblent ; le glaive de la justice va se lever sur eux, et les mesures les plus efficaces sont prises pour qu'ils ne puissent pas lui échapper. C'est avec horreur que l'administration du département a vu leurs crimes ; c'est avec douleur qu'elle verra leur supplice ; mais son devoir, mais l'intérêt public lui fermeront la bouche ; elle détournera les yeux et la Loi seule régnera. "
La loi du 21 juin 1791 avait prescrit la formation des bataillons de volontaires. Un an après, le 2 juillet 1792, la Constituante proclamait que la Patrie était en danger. Cet appel, il faut bien le dire, ne trouva qu'un faible écho parmi les populations rurales, et le canton de Montsalvy ne se distingua pas par son zèle. Mais, là comme partout, il y eut des dévouements qui sauvèrent l'honneur.
Le 10 juillet 1791, lisons-nous dans ces mêmes registres à la date du 3 août 1792, avait été ouvert à la maison commune de Montsalvy le registre des inscriptions de volontaires.
" Certains citoyens se présentèrent, qui, n'ayant pas voulu le dit jour signer leur acte de présentation, en furent ensuite requis par le corps municipal. A cette réquisition, il ne se présenta, pour manifester leur volonté d'être inscrits sur la liste des volontaires que les sieurs Pierre Bastid, Antoine Verdier, François Dommergues, Antoine Louvières et Biaise Delpuech. Ces cinq fils de citoyens ne se voyant pas demandés et brûlant de donner des marques de leur patriotisme, prirent parti dans le cy-devant régiment de Languedoc où ils sont en service, et cette liste ayant été rangée parmi les autres papiers de la municipalité, elle eut le sort des titres de propriété et de nombre de minutes de M. Casses, maire, qui se trouvèrent divertis par l'effet de l'attroupement survenu à Montsalvy le 19 mars dernier. "
L'affaire faillit mal tourner pour la municipalité de Montsalvy.
Le 9 août, le Conseil d'administration du 1er bataillon de volontaires déposait sur le bureau du Conseil général du département un mémoire portant dénonciation contre la municipalité de Montsalvy d'avoir donné un certificat négatif de la liste des citoyens qui s'étaient fait inscrire depuis plus d'un an comme volontaires, que l'existence de la véritable liste est affirmée par plusieurs volontaires qui ont déjà rejoint le bataillon, et que plusieurs autres, se disposant à partir dimanche dernier, en furent détournés par le procureur de la commune sous prétexte qu'il n'en était pas encore temps, qu'enfin cette municipalité avait tenu secret le lieu de rassemblement.
Le Conseil général décida que le maire et le procureur de la commune de Montsalvy seraient tenus de venir se justifier des faits articulés contre eux.
Le 22 août, en effet, le sieur Bréchet, procureur de la commune, se présentait à la barre de l'assemblée départementale.
Il déclara avoir fait afficher l'arrêté du directoire du département fixant au 8 juillet dernier le rassemblement à Aurillac des volontaires inscrits, qu'il en fit même prévenir plusieurs de se rendre le même jour, de grand matin, à Montsalvy, qu'il ne s'en rendit que deux, lesquels, " disant que les absents n'avaient pas de meilleure excuse qu'eux, ils attendraient pour se rendre que les autres se présentassent ". Ces dires étaient confirmés par deux des volontaires de Montsalvy.
Sur l'accusation portée contre la municipalité d'avoir donné un certificat négatif de la liste des citoyens inscrits comme volontaires, le sieur Bréchet déclara que cette liste fut enlevée, avec d'autres papiers de la municipalité, au sieur Casses, maire, par l'attroupement qui se rendit à Montsalvy au mois de mars dernier, que, privée de cette liste, la municipalité exposa ces faits au district, en lui désignant certains des inscrits.
Ces explications durent être jugées satisfaisantes, car l'affaire n'eut pas d'autres suites, mais l'irritation était grande à Aurillac contre le canton de Montsalvy. Le jour même de la déposition du procureur de la commune Bréchet, le peuple d'Aurillac, réuni en assemblée souveraine, demandait qu'un détachement de 100 gardes nationaux fut envoyé dans le canton, et ce voeu était ratifié par l'assemblée départementale.
Le 30 août eut lieu la répartition parmi les communes du canton des 65 hommes qui formaient le contingent destiné à partir pour la frontière.
Plusieurs communes ayant fourni leur contingent au moins en partie, le nombre des volontaires fut réduit à 30, dont voici les noms :
Vieillevie : Jean Carmarans, Jean-François Fournier, Pierre Cacumas, Pierre Fleys ;
Calvinet : Jean Bouquié
Labesserette : Jean Battedes, François Casses, Victor Bouldoyre, Antoine Vignes
Cassaniouze : Pierre Tardieu, Pierre Cros, Géraud Carrière, Pierre Redon ;
Teissières-les-Bouliès : Joseph Noël, Jean Laroussinie, Jean Delhostal ;
Leucamp : Etienne Leybros
Junhac : Louis Blat, François Pixourelhes, Pierre Roumiguié, Antoine Verdier, Henri Felgines, Joseph Belon, Jean Montourcy, Joseph Fournier ;
Lacapelle-en-Vézie : Guillaume Semeteys, Jean Lagarde
Ladinhac : Pierre Gauzentes, Pierre Blancot, Barthélémy Gentié.
Le 26 août avait eu lieu le renouvellement du corps municipal.
Me Antoine Delmas, notaire, élu maire, donna sa démission sur-le-champ, en prétextant son état de santé, et fut remplacé par Me Antoine Verdier, notaire. Les sieurs Bonnet fils, Bouniol, propriétaire, et Lagarde, aubergiste, furent élus officiers municipauxl; Faliès, marchand, procureur de la commune et Bastide aîné, Bonnet, juge de paix, Fabre fils, marchand, Brommet, tailleur, Faliès, aubergiste et Baptiste Picou, serrurier, comme notables.
Ces élections paraissent avoir eu une portée politique, si l'on s'en rapporte à une délibération du 21 novembre suivant, où il est dit que " les principes de la municipalité et du conseil général de la commune nouvellement élus sont bien différents de ceux de leurs fanatiques prédécesseurs ".
Le 22 septembre, en exécution de la loi du 28 août, les visites domiciliaires furent faites par les officiers municipaux. Elles amenèrent la saisie de diverses armes.
Le 30 septembre, Jean Lintilhac, curé de la paroisse, prête, conformément à la loi du 14 août, "le serment d'être fidèle à la nation, et de maintenir la liberté et l'égalité ou de mourir en les défendant ". Le même jour eut lieu la prestation du même serment par les fonctionnaires publics, les officiers municipaux et deux prêtres, François Tourret, et Raymond Crozets, ci-devant chanoine.
Le 12 octobre, à une requête du curé, la municipalité fit les réponses suivantes qui sont une nouvelle marque du peu de cordialité des relations entre celle-ci et le curé constitutionnel.
"Le nouveau pourvu doit prendre les bâtiments dans l'état où ils se trouvent. A côté de la maison servant de presbytère, il en est une autre destinée au vicaire, laquelle ne communique pas dans l'intérieur ; il serait peut-être inutile d'y faire une porte de communication, dans le cas où le curé et le vicaire ne pourraient habiter ensemble. Les frais du culte demandés par le curé ne doivent pas être supportés par la commune, puisqu'ils étaient à la charge du ci-devant prévôt, ainsi que le luminaire de la lampe, ce qui doit être à la charge de la nation à cause de la déduction qui en a été faite sur le traitement du ci-devant prévôt. Le puits qui est dans l'intérieur du choeur a existé de tout temps et est très utile à la commune lors des incendies à cause de sa source intarissable; ainsi, sans un grand danger il ne doit pas être comblé ni rasé comme le demande le sieur curé. Au surplus, il demeure toujours fermé, sous le cas de nécessité urgente, par une porte de bois parquetée de niveau avec le choeur, d'environ un pied de circonférence. Le jardin du sieur curé est très bien clôturé, pour la séparation desquels le ci-devant curé plaçait une haie sèche lorsqu'il le trouvait à propos. Cette dépense ne pouvait excéder l'avance de 30 sols de quatre en quatre ans, et encore le bois restait pour brûler, qui valait le même prix. Le sieur curé ne peut demander à la commune la remise des livres, des obits et fondations qu'il prétend être établis au profit des curés puisque tous l'étaient au contraire au profit du ci-devant chapître, dont les titres ont été transférés aux archives du district d'Aurillac. "
Le 28 octobre fut célébrée une fête civique à l'occasion du succès des armées françaises. Un feu de joie fut allumé sur la place à côté de l'arbre de la Liberté, "et, à l'instant, les cris de : vive la République ! vive la Convention nationale ! ont été répétés de toutes parts, qu'on n'a pu faire cesser qu'en annonçant l'hymne des Marseillais qui a attiré l'attention du peuple ".
Le 2 novembre, à la requête du citoyen Gabriel Geneste, brigadier de la gendarmerie nationale à Saint-Mamet, la municipalité de Montsalvy dressa un état nominatif des ecclésiastiques assujettis au serment par les lois du 16 décembre 1790 et du 17 avril 1791, et qui ne l'avaient pas prêté. Ces prêtres étaient Joseph Jalenques, ci-devant curé, François Viala, ci-devant vicaire, Pierre Boissonnade, ci-devant curé de Cantoin (Aveyron), et Etienne Caucal, ci-devant curé de Lacapelle-en-Vézie.
Le 21 novembre, l'assemblée municipale prit connaissance d'une lettre du citoyen Lintilhac, curé de cette ville, "dans laquelle, après les injures les plus graves, il semblait donner sa démission ", laquelle ne fut pas acceptée.
Le 11 décembre, sur une demande de Pierre Casses, notaire, tendant à ce qu'il lui fut délivré un certificat de civisme pour qu'il put continuer à exercer ses fonctions, l'Assemblée " considérant que les preuves d'incivisme dudit Casses sont en partie déposées aux archives du district d'Aurillac, arrête qu'il n'y a pas lieu de délibérer sur sa pétition ".
1793
Le 17 février, nouveau conflit du curé Lintilhac avec la municipalité, à laquelle un citoyen rapporte que ledit curé a fait arracher et couper dans ces derniers jours un cerisier d'une grosseur médiocre dans le fond de la cure, et pour l'employer à son usage personnel. Au mois de juin, le bruit se répandit que des troubles contre-révolutionnaires avaient éclaté dans les communes de Leucamp et de Ladinhac. Le citoyen Fau, procureur de cette dernière commune, dénonça comme en étant les instigateurs les citoyens Gentiès, maire de Ladinhac et Pierre Gaston et Antoine Degla, de Leucamp, qui furent aussitôt mis en état d'arrestation. Mais le citoyen Gentiès se disculpa "lumineusement ", si bien que Fau finit par " se rétracter bassement ". Le conseil général déclara "que le caractère connu du citoyen Gentiès faisait présumer que la dénonciation dirigée contre lui était le fruit d'un complot de l'aristocratie ". Le citoyen Fau fut suspendu de ses fonctions et décrété d'arrestation comme "personne suspecte et dangereuse".
A peu de jours de là, le 14 juin, le citoyen Salsac, commissaire envoyé par le département dans le canton de Montsalvy, démentit le bruit d'un attroupement contre-révolutionnaire à Leucamp. Il n'y a dans le canton de Montsalvy, disait-il, que du fanatisme "produit par défaut de lumières " mais non d'esprit de révolte ; et il donnait la " flatteuse espérance qu'avec de l'instruction on ramènerait tous les cultivateurs à l'amour du républicanisme ".
Des troubles plus sérieux éclatèrent à quelques jours de là.
Le 26 juin, le citoyen Delpuech, maire de la commune de Murols, district du Mur-de-Barrez, venait exposer au Conseil de la commune de Montsalvy, que le nommé Guillaume Lasbros, originaire de Ladinhac, déserteur de celle de Murols, se trouvait présentement à Montsalvy. Le conseil de cette commune requit le commandant du 1er bataillon de la garde nationale du canton de procéder à l'arrestation du déserteur.
Le commandant, nommé Delmas, s'acquitta de sa mission non sans peine, ledit Lasbros ayant ameuté tous les habitants de Ladinhac. Peu après le maire et les officiers municipaux de Murols étaient assaillis et maltraités par un attroupement de gens criant qu'ils voulaient enlever de force le détenu, avec force injures ; disant " qu'ils se foutaient de loy, de municipalité, de garde nationale et de tout. Enfants de Ladinhac, réunissons-nous au faubourg Saint-Antoine ! " Finalement il y eut collision entre la garde nationale et " un attroupement considérable armé de gros bâtons ". Quatre arrestations furent opérées non sans peine et les prisonniers conduits à Aurillac.
Le 18 août, une perquisition fut faite dans plusieurs maisons de Montsalvy pour rechercher un prêtre réfractaire du département de l'Aveyron, " qui se rendait nuitamment dans cette ville pour y fanatiser". Cet " apôtre infernal " ne put être retrouvé.
Le 20 décembre, " le corps permanent arrête que tous les vases sacrés et autres ustensiles servant au culte seront transférés à l'instant en la maison commune, pour être ensuite déposés ès-main du citoyen Picou, officier municipal ".
1794
Le 20 nivôse an Il (9 janvier 1794), lecture fut faite sur la place publique du décret de la Convention relatif à la prise de Toulon ; l'Assemblée chanta l'hymne de la Patrie.
" Un membre prononça un discours très énergique et très républicain. Il y a retracé les grands avantages de la Révolution et a de plus analysé les traits d'héroïsme de nos braves frères d'armes qui ont combattu pour la destruction de cette ville rebelle. Le discours fini, les cris de : Vive la République ! vivent nos braves frères d'armes ! ont été répétés de toutes parts, et, de suite, le citoyen maire a mis le feu à un fatras de signes de féodalité, de royauté, et de la superstition la plus stupide, qui a été enlevé et détruit de dessus la grande place : des titres féodaux, des couronnes, des bréviaires et autres signes aujourd'hui en exécration aux vrais républicains étant devenus la proie des flammes, le cortège s'est séparé pour se réunir au banquet civique qui a aussi été célébré en mémoire de la journée immortelle qui doit affirmer le bonheur des Français. Les santés les plus chères ont été portées : à la montagne, à ses fondateurs, et à nos braves défenseurs de la patrie. "
Dans sa séance du 10 pluviôse (29 janvier) " un membre " du Conseil de la commune prit la parole en ces termes :
" Citoyens, la raison commune a lui sur un horizon trop longtemps infecté des principes soi-disant religieux. La philosophie, la seule et vraie religion s'y propage, et vous en avez vu les effets, lorsque, dans ces derniers jours, vos concitoyens ont renversé et détruit à l'envie ces signes de superstition qu'un peuple esclave de ses préjugés a conservé depuis tant de siècles sur les places publiques, carrefours et autres lieux ; ces mêmes concitoyens ont applaudi à votre arrêté du 30 frimaire relatif au culte. Dans le développement de vos lumières philosophiques, il vous a échappé d'ordonner l'anéantissement de ces guérites placées à dessein dans l'obscurjté des ci-devant églises et qui n'avaient été imaginées que par la lubricité de certains et la curiosité des autres, et qui, sans cesse, nous retracent les abus religieux. Il serait à propos que des monuments de cette espèce soient détruits à l'instant. "
Ce qui fut décidé. Le Conseil arrête
" Dans aujourd'huy, tous les confessionnaux grillés ayant servi à abuser de la faiblesse et de l'ignorance des citoyens seront détruits, et les planchers et autres matériaux qui en proviendront seront portés dans la maison commune, pour être employés à des usages utiles et publics. "
L'ex-curé constitutionnel Lintilhac était parti de Montsalvy en février 1793. Retiré à Aurillac, il ne cessait de porter plainte contre la municipalité de son ancienne paroisse auprès des administrateurs du district. Le 23 pluviôse (11 février), le Conseil de la commune de Montsalvy déclara que toutes les accusations d'injures et de vol portées par ledit Lintilhac " n'étaient qu'une invention de sa part pour faire accueillir plus favorablement la demande qu'il fait d'un traitement qui ne lui est dû sous aucun rapport ".
Le 4 ventôse (22 février), en exécution d'un arrêté de Bô, représentant du peuple dans le Cantal, le Conseil arrête à l'unanimité la démolition du clocher de la paroisse. Ce travail fut adjugé au citoyen Martin, charpentier et officier municipal, au prix de 250 livres.
En exécution de la loi du 18 floréal (7 mai), déclarant que " le peuple français reconnaît l'existence de l'Etre suprême et l'immortalité de l'âme ", et que " le 20 prairial suivant il serait célébré une fête en l'honneur de l'Etre suprême ", le Conseil général de la commune prit le 19 prairial (7 juin), l'arrêté suivant
Article ler. - il sera demain célébré une fête à l'Etre suprême. A l'aurore, la diane annoncera la fête. Tous les citoyens et citoyennes de tout âge et sexe sont invités à s'y rendre.
Art. II. - La garde nationale sera sur pied à 10 heures du matin.
Art. III. - Les corps constitués se rendront dans le lieu ordinaire de leurs séances, décorés de leurs écharpes et portant en main des épis de blé.
Art. IV. - L'agent national sera décoré de même, portant en main la loi et fera le discours à la fête.
Art. V. - A 10 heures et demi, la garde nationale détachera un piquet pour prendre les corps constitués. Le Comité sera décoré du bonnet rouge, décoré de la cocarde, portant une branche de chêne à la main. Les vieillards seront décorés d'une branche d'olivier. Les citoyens marcheront sur la droite accompagnés de leurs fils, les citoyennes sur la gauche menant leurs filles à leur main gauche. De là, le cortège partira et défilera sur les deux rangs, vers la place de la Liberté, et continuera sa marche pour se rendre sur la montagne du Puy-de-l'Arbre, où sera dressé l'autel dédié à l'Etre suprême.
Art. VI. - Arrivé sur la montagne, il sera requis un profond silence, et, de suite, il sera prononcé le discours sur le motif de la fête. Après quoi, les corps constitués seront reconduits aux lieux ordinaires de leurs séances en observant la même marche et le même silence.
La fête eut lieu le lendemain dans le cérémonial indiqué.
" L'hymne dédié à l'Etre suprême a été chanté par tout le cortège ; le serment le plus sacré a été prononcé par tous de maintenir la Liberté, l'Egalité, et de détruire la tyrannie. Les cris de : Vive la République ! très souvent réitérés, ont suppléé à la salve d'artillerie. "
Le 8 messidor (26 juin) le prix de la journée pour les travaux des champs fut ainsi fixé :
Moissonneurs : 25 sols ; faucheurs : 22 sols, 6 deniers ; dépiqueurs : 15 sols ; faneurs : 6 sols.
Le 22 messidor (10 juillet) l'arrêté suivant fut pris, concernant la fête nationale :
" Le conseil permanent, considérant que tous les citoyens de cette commune n'étant pas entièrement dégagés des mensonges absurdes de la superstition, considérant encore que certains pourraient se livrer à leurs occupations journalières, le sextidi de la présente décade, jour de fête institué en mémoire des événements glorieux de la mémorable journée du 14 juillet 1789 (style esclave) arrête ce qui suit :
Art. I. - La fête du 14 juillet sera célébrée le sextidi de la présente décade ou lundi prochain (style esclave). En conséquence, nul ne pourra vaquer à ses occupations journalières pendant cette journée, à peine d'être déclaré suspect et traité comme tel.
Art. II. - La fête sera annoncée la veille au son du tambour.
Art. III. - Les citoyens de tout sexe et de tout âge seront tenus de se réunir dans la salle de la maison commune à neuf heures du matin pour y rendre grâces à l'Etre suprême, y reconnaître la vérité et la vertu.
Le 23 thermidor, au lendemain de la chute de Robespierre et sur la demande d'une députation de la Société populaire de Montsalvy, fut célébrée une autre fête, celle de la Liberté.
Voici les articles principaux de l'arrêté pris à ce sujet
Art. II. - Au point du jour, une diane, battue dans toutes les rues, rappellera aux citoyens l'époque mémorable de la chute du tyran.
Art. III. - A six heures du matin on battra la générale, à sept, l'assemblée, à huit, le drapeau.
Art. IV. - ... Le cortège partant de la place d'armes sera précédé par une avant-garde. A la suite viendra un groupe de citoyens et citoyennes confondus en se donnant le bras. Les pères, mères et femmes des défenseurs de la Patrie menant leurs enfants et tenant une branche de laurier à la main, suivront de près et porteront un oriflamme sur lequel seront écrits en gros caractères ces mots : Ils défendent la Patrie. Un détachement de la garde nationale succédera, et ensuite viendra la compagnie des jeunes républicains, portant une bannière où seront inscrits d'un côté : Espoir de la Patrie, et de l'autre : Nous brûlons de remplacer nos frères. La municipalité viendra ensuite. Succéderont quatre vétérans portant la statue de la Liberté, lesquels seront nommés par la municipalité. Les autres autorités suivront de près, décorés du bonnet de la Liberté, les autres citoyens et citoyennes confondus comme les premiers, et le cortège sera fermé par un détachement de la garde nationale.
Art. V. - Le tout ainsi formé suivra le boulevard et se rendra à la fontaine de la Régénération, où les citoyens boiront à la même coupe. De là le cortège se rendra sur la place de la Liberté où l'autel de la Patrie sera dressé.
Art. VI. - Un membre de la municipalité fera un discours dans lequel le maire prêtera entre les mains du public le serment républicain, qui sera répété par tous les individus au cri de : Vive la République ! et le baiser fraternel sera donné par le maire et le peuple se confondra dans les embrassements.
Art. VII. Il y aura un feu de joie à huit heures du soir, et illumination générale. La fête sera terminée par le chant des hymnes patriotiques. Pendant le trajet que fera le cortège, il sera chanté des couplets à la Liberté. "
1795
Les décrets du 3 ventôse et du 12 prairial an III (21 février-30 mai 1795) qui rétablissaient la liberté des cultes et rendaient à ceux-ci tous, les temples non aliénés, amenèrent la réapparition générale du catholicisme dans les églises jusque là fermées. A Montsalvy, le 30 thermidor (17 août), le curé réfractaire, l'abbé Jalenques, se présenta devant le Conseil de la commune " lequel, voulant vivre et mourir dans la religion catholique, apostolique et romaine, et désirant entretenir la paix et l'union parmi ses concitoyens, nous a déclaré, en conformité de la loi du 11 prairial dernier, vouloir exercer les fonctions de son culte sans communiquer avec les intrus, et sans se soumettre à rien de contraire aux lois de la République française une et indivisible, qui lui a été concédé ".
1799
Les registres de délibérations de la commune de Montsalvy, qui contiennent à la fin des lacunes considérables, se terminent par l'élection, le 10 germinal an VII (30 mars 1799) du citoyen Antoine Verdier père, comme agent municipal de la commune.
A s'en tenir à ce qui précède, on pourrait conclure que les principaux événements de l'histoire du canton de Montsalvy pendant la Révolution n'ont qu'un intérêt purement local. En réalité il en est tout autrement, car ce canton occupe une place à part dans l'histoire de notre département, parce qu'il a été le théâtre, à la fin du XVIII e et au commencement du XIX e siècle, des manifestations les plus caractéristiques de l'esprit contre-révolutionnaire dans le Cantal. " Depuis le commencement de la Révolution, dit l'annaliste Lakairie, il y a des cantons qui ont montré plus ou moins de patriotisme, mais celui de Montsalvy a été constamment l'asile des réfractaires. " Les autres régions de ce département ne présentent pas, en effet, lors de l'application de la Constitution civile du clergé, d'incidents aussi graves que les bagarres de Sénezergues, pas plus qu'elles ne nous offrent aucun exemple d'aventures aussi tragiques que la tentative de chouannerie de M. de Pélamourgue, ou d'épisodes aussi curieux que l'affaire des prêtres Illuminés ou Enfarinés.
Si l'on cherche la raison de ces faits, on la trouve principalement dans la situation même du canton de Montsalvy, qui, placé à la limite du Cantal et de l'Aveyron dont il n'est séparé que par le Lot, offrait un sûr asile à tous ceux qui, pour une raison quelconque, étaient les ennemis du gouvernement révolutionnaire. Nobles sous le coup des lois sur l'émigration, prêtres insermentés, conscrits réfractaires, trouvaient dans les profondes châtaigneraies et les gorges inaccessibles, mieux encore que dans les cachettes des maisons, des abris inviolables, d'où à l'approche - peu fréquente d'ailleurs et toujours signalée à l'avance - de la forme armée, il leur était facile de passer dans l'Aveyron, quitte à regagner le Cantal en cas d'alerte dans la région de Conques et du Mur-de-Barrez.
C'est là ce qui explique, mieux que l'état des esprits, la persistance et la durée des troubles contre-révolutionnaires dans le canton de Montsalvy, qui, jusqu'à la Restauration, apparaît, dans les rapports adressés au Gouvernement, comme la seule tache noire de la carte politique du Cantal.
Ces troubles, relatés plus loin, ainsi que les événements qui marquèrent l'apparition de la Chouannerie et celle des Illuminés ou Enfarinés de Cassaniouze, constituent trois épisodes de l'histoire particulière du Canton. Depuis, cette histoire se confond avec l'histoire générale de la France si on en excepte la période de la Libération en 1944 dont il est parlé d'autre part.
Les troubles religieux dans le canton de Montsalvy
La Constitution civile du clergé promulguée en juillet 1790, qui divisa le clergé en prêtres assermentés ou jureurs, et en insermentés ou réfractaires, donna lieu à des troubles entre partisans et adversaires des uns et des autres. Le clergé constitutionnel fut souvent en butte aux vexations et aux haines des populations restées fidèles à leurs anciens pasteurs. Dans le Cantal notamment, si les prêtres réfractaires furent obligés de chercher dans les bois et les montagnes un asile contre les lois qu'ils refusaient de reconnaître, les curés assermentés eurent, de leur côté, à subir de véritables vexations, et souvent même leur vie fut mise en danger.
Dans la paroisse de Labesserette, des menettes attiraient le nouveau curé, nommé Deconthe, auprès d'un malade, et lançaient sur lui un dogue féroce. Non loin, à Boisset, le curé " jureur " Domergue, était grièvement blessé en célébrant la messe.
L'affaire la plus grave fut la bataille rangée à laquelle donna lieu l'installation du curé constitutionnel de Sénezergues.
Les habitants de cette commune étaient divisés en deux partis. L'un ayant à sa tête la municipalité, était décidé à faire respecter les lois nouvelles ; l'autre tenait pour le curé et le vicaire réfractaires, Jacques Girbal et Jean Pons. De là des disputes et des bagarres. Lorsque l'abbé Durat-Lassalle, d'Aurillac, fut élu curé constitutionnel de Sénezergues, en mai 1791, " les dévotes, lisons-nous dans le journal Le Cantaliste, travaillées par des prêtres, plantèrent de leurs saintes mains une potence pour le curé assermenté, car elles aiment beaucoup leur curé non jureur. Mais l'honorable municipalité et nos braves frères d'armes de Sénezergues qui n'aiment au contraire que les curés jureurs, c'est-à-dire soumis à la Constitution, ont forcé ces béates à arracher avec leurs mains bénies le poteau, et à payer une amende de 12 livres ".
Le dimanche 5 juin, le nouveau curé partit d'Aurillac pour prendre possession de son poste. Durat-Lassalle était accompagné de MM. Falgères, officier de la garde nationale d'Aurillac, de M. Chambon, " citoyen-soldat du district de Libourne ", et de quelques amis. En route, ils rencontrèrent un détachement de la garde nationale de Calvinet, avec son commandant, M. Nouveau et MM. Bourg et Prax, maire et adjoint de Sénezergues. M. Bourg leur représenta les mauvaises dispositions des habitants de sa commune, décidés à s'opposer par la force à l'entrée du curé constitutionnel, et le danger qu'il y aurait à s'avancer sans avoir une escorte plus nombreuse. Devant le refus de Durat-Lassalle et de ses compagnons, MM. Bourg et Prax et les gardes nationaux décidèrent de les accompagner.
Ils entrèrent ainsi dans la commune de Sénezergues, où ils aperçurent bientôt les habitants retranchés sur les hauteurs. Ici les versions diffèrent, suivant qu'elles sont favorables à l'un ou à l'autre parti. D'après les uns, les habitants de Sénezergues auraient demandé huit jours pour délibérer et prendre un parti ; mais " l'intrus et ses vicaires " refusèrent et, pour en finir ordonnèrent de faire feu sur la foule. D'autres disent que les arrivants furent assaillis sans provocation par une grêle de pierres et de balles. Quoi qu'il en soit, il y eut des victimes des deux côtés. Un nommé Jean Garrouste, du village de Sérieys, commune de Sénezergues, fut frappé mortellement d'une balle et mourut dans la journée ; plusieurs de ses compagnons furent blessés. Dans l'escorte de Durat-Lassalle, Antoine Contensoux, garde national de Calvinet, fut tué, et M. Chambon gravement blessé à la tête et au bras.
Ces faits furent connus le jour même à Aurillac, où M. Falgères en fit un rapport circonstancié à la Société des Amis de la Constitution qui était justement en train de discuter " s'il ne serait pas à propos de solliciter une loi qui éloignât pendant quelque temps les prêtres réfractaires du lieu où ils remplissaient leurs fonctions ".
Cette Société députa dix commissaires au Directoire du district " auquel on fit publiquement le reproche de n'avoir pas mis assez de vigueur, assez d'énergie, d'avoir fait le mort, le dormeur, lors du commencement des troubles ".
Le Directoire, ainsi pressé, envoya le soir même un détachement de 30 gardes nationaux commandés par Verdier-Lamontade, aide-major de la garde nationale d'Aurillac, avec mission de veiller à la sûreté de Chambon, que ses blessures avaient retenu en route, et de Durat-Lassalle qui n'avait pas voulu abandonner son ami.
Le lendemain 6 juin, le Directoire du district remit à François de Cambefort d'Ouradoux, ancien capitaine au régiment colonel-général-infanterie, le commandement d'une forte troupe recrutée dans les gardes nationales d'Aurillac, d'Arpajon, Vézac, Roannes, Marcolès, Leinhac et Maurs, plus les 40 chasseurs d'Auvergne en garnison dans cette dernière ville, avec mission d'assurer l'installation de Durat-Lassalle et de permettre au commissaire du tribunal du District de procéder aux informations nécessaires. Cette troupe arriva à Sénezergues à la tombée de la nuit.
" Nous nous établîmes dans l'église, dit Cambefort d'Ouradoux dans sa relation. Au même instant nous fûmes joints par les gardes nationales de Maurs et les chasseurs d'Auvergne qui s'établirent dans une grange appartenant à M. du Barrat... On alluma des feux sur la place. Ce ne fut que vers six heures et demi du soir que je fus instruit que plusieurs gardes nationaux avaient fouillé la maison du ci-devant prieur de Sénezergues, qu'on avait trouvé du vin dans sa cave au village du Mas, dont on s'était emparé. Je ne crus point qu'il fut de la prudence de l'empêcher, crainte d'exciter un soulèvement au milieu de la nuit, d'autant plus que nous n'avions point assez de pain, et point de vin pour faire une distribution générale au milieu de la nuit...
" Dès le matin j'envoyai plusieurs patrouilles pour faire rentrer tout le monde ; j'y fus obligé par différents coups de fusil que j'entendis tirer de tous les côtés. Je craignais d'ailleurs, vu que le terrain est coupé de tertres et de chemins creux, que les patrouilles fussent atteintes. Notamment une patrouille commandée par le sieur Dieudonné Croizet, faillit recevoir plusieurs de ces balles et chevrotines qui lui passèrent sur la tête, et, pour obvier à toute espèce d'accident, je fis battre la générale...
" Pendant ce temps-là il arriva un convoi de pain, dont l'escorte, composée de dix hommes, était commandée par M. Mestre. Je leur fis faire la même distribution de viande ; je chargeai le sieur Reimberg et le sieur Lamontade de me procurer une barrique de vin pour en faire la distribution à l'heure convenable. Je fis faire la distribution du pain et du vin, M. Barrat nous en ayant cédé une barrique.
" Plusieurs personnes me dirent que si je voulais leur permettre de fouiller ailleurs, ils en trouveraient. Je crus ne devoir, ni pouvoir le faire, parce que les maisons se trouvant abandonnées par le déguerpissement des habitants, il fallait enfoncer pour s'en procurer. "
Le même jour Durat-Lassalle prit possession de sa cure. Son premier acte fut de procéder à l'enterrement de Jean Garrouste, tué l'avant-veille, en présence des gardes nationales. Après quoi celles-ci reprirent la route de leurs communes respectives. Quelques prisonniers des deux sexes furent amenés à Aurillac, où le curé réfractaire de Sénezergues fut pendu en effigie sur la place publique.
L'affaire de Sénezergues produisit une grande impression, on craignit qu'elle ne fût le signal de troubles plus graves et plus sanglants.
Voici à ce sujet deux lettres écrites d'Aurillac à Armand, député du Cantal à l'Assemblée nationale. La première est du 7 juin :
" Nous sommes tous ici consternés d'une insurrection de la paroisse de Sénezergues qui s'est opposée à main armée à l'installation de son curé ; il y a deux hommes de tués, plusieurs de blessés.
" Plus de cinq cents hommes de notre garde nationale ou des paroisses voisines partirent hier pour mettre cette paroisse à la raison. Un de nos juges est allé s'informer sur les lieux contre les chefs de la sédition. Je crains que cette troupe ne soit pas assez retenue. "
L'autre lettre moins explicite, est du 10 juin
" Rien de nouveau dans nos contrées, sinon que le serment des ecclésiastiques fait toujours du bruit. Plusieurs se rétractent à la sollicitation d'autres réfractaires. L'on craint bien qu'il n'arrive quelques désordres comme du côté de Maurs, à l'installation d'un curé patriote, qui a été, dit-on, mal reçu dans sa paroisse. 500 hommes de la garde nationale d'Aurillac s'y sont transportés pour ramener le bon ordre. "
L'Administration départementale fut d'ailleurs fréquemment saisie de conflits entre prêtres réfractaires, constitutionnels et municipalités qu'elle s'efforçait de solutionner de son mieux.
Le 15 décembre 1791, elle prenait connaissance d'un mémoire du sieur Souquière, curé constitutionnel de Cassaniouze, exposant :
" que le sieur Souquières, ci-devant vicaire de cette paroisse, s'ingère dans l'exercice des fonctions publiques quoiqu'il n'ait pas satisfait à la loi du serment ; qu'il excite des troubles parmi les habitants et leur inspire des sentiments séditieux contre leur pasteur légitime, parce que celui-ci a prêté le serment ordonné ; que le maire de cette municipalité, loin de porter ses soins à conserver la paix et la tranquillité, augmente le trouble par son exemple et son insouciance pour l'exécution des lois."
L'Assemblée décide que le maire et les officiers municipaux de la paroisse de Cassaniouze seront mandés à l'Assemblée pour rendre compte de leur conduite.
Cette comparution eut lieu le 28 décembre suivant. Les officiers municipaux et le curé Souquières furent entendus contradictoirement.
" Après une longue discussion sur des allégations dont il n'a été fourni de part ni d'autre aucune preuve, l'Assemblée se borne à rappeler aux parties leurs devoirs respectifs, et à leur recommander surtout l'esprit de paix et d'ordre, l'obéissance aux lois, la subordination aux autorités constituées, et le maintien de la tranquillité publique. Les parties ont paru se rendre à cette recommandation. "
A Ladinhac, les habitants parviennent à rendre la résidence intenable au curé constitutionnel nommé Cantuel. Voici le rapport qui en fut fait au Directoire du district d'Aurillac par Pierre Lagarde, officier municipal de Ladinhac, Guillaume Fau, François Lestrade et Jean Andonis, citoyens de la même commune le 12 avril 1792 :
" Ils disent que le fanatisme continuait ses ravages dans la paroisse de Ladinhac, que le sieur Cantuel, troisième curé élu pour cette paroisse, ayant été installé dimanche, 8 du courant, deux officiers municipaux seulement s'étaient rendus à cette installation avec un très petit nombre d'habitants.... que le sieur Cantuel avait été l'objet de plusieurs dérisions, que les patriotes de la paroisse avaient été menacés ; que l'auberge du sieur Guy, où était le sieur Cantuel, avait été assaillie à plusieurs reprises, le jour et la nuit, par des gens qui lançaient des pierres contre la porte ; que la serrure de cette porte avait été forcée et que, sans la résistance de ceux qui étaient dedans, les assaillants auraient pénétré dans la maison... que le mardi, troisième fête de Pâques, pendant que le curé disait la messe, plusieurs de ceux qui composent la garde nationale faisaient des dérisions autour de l'église, disant à ceux qui y entraient pour l'entendre qu'ils étaient des huguenots... que, peu de temps après la messe, jean Laborie, du village de Bachau, était monté sur le mur du cimetière, disant à haute voix qu'il n'y avait que cinq ou six personnes qui empoisonnaient toute la paroisse et qui soutenaient un mauvais sujet, menaçant le sieur Guy, chez lequel le sieur Cantuel était logé, en lui disant qu'il le paierait et que la paroisse devrait brûler sa maison ; que ce sont ces menaces et ces insultes qui ont engagé le sieur Cantuel à se retirer. "
Le Directoire envoya à Ladinhac un commissaire civil avec des gardes nationaux, " qui devaient y séjourner aux frais de la commune jusqu'à ce que la tranquillité publique y serait rétablie ".
Cette commune devait encore donner de l'occupation aux administrations. Le 17 avril 1793, sur l'information que des rassemblements avaient lieu au château de Ladinhac, le Comité de Salut public y envoya un détachement du 3e bataillon de volontaires pour s'assurer des personnes suspectes qui s'y pourraient trouver ainsi que de la correspondance du citoyen curé qui avait toujours habité dans ce château depuis sa sortie de la maison curiale.
Le détachement s'empara de la nommée Marguerite Ternadios, servante du curé, du nommé Jean Gaston, de Gabriel et d'Hugues de Boissieux, frères ci-devant nobles, propriétaires dudit château, et de Jean Bastide. Gaston s'échappa en passant dans le bois de La Feuillade.
Le Conseil général remit Bastide en liberté, mais maintint en état d'arrestation provisoire les frères de Boissieux dans la maison d'arrêt d'Aurillac.
Après renseignements pris auprès des officiers municipaux de Ladinhac, il fut établi que le citoyen Boissieux ainé et la fille Ternadios n'avaient manifesté depuis la Révolution aucun sentiment qui dut les faire considérer comme dangereux. Ils furent donc remis en liberté. Quant au citoyen Boissieux cadet, " quoique ayant merveilleusement secondé le ci-devant prieur Trotapel au moment de son remplacement, étant alors procureur de la commune, mais qui, depuis environ 9 mois, s'était uniquement occupé comme son frère, de la culture de son bien ", il fut également élargi, mais demeura placé sous la surveillance de la municipalité de Ladinhac.
Le 30 avril 1793, après audition du maire et des officiers municipaux de Sénezergues, considérant que " la grande majorité des habitants de cette commune a depuis longtemps affiché l'incivisme le plus marqué, qu'ils ont reçu parmi eux leurs ci-devant curé et vicaire réfractaires qui ont propagé le fanatisme et compromis l'Etat-civil des citoyens de cette commune ", le Conseil suspendit de leurs fonctions Goubert, maire, François Mas, Jean Courchinoux, Pierre Monnier et Géraud Bonnet, officiers municipaux, et Garrouste, secrétaire-greffier. Goubert et Garrouste furent mis en état d'arrestation et conduits dans la maison d'arrêt d'Aurillac. Un commissaire fut envoyé à Sénezergues, à l'effet de remplacer provisoirement les officiers municipaux.
Le 10 mai suivant, le Conseil rejetait la demande d'élargissement de Goubert et Garrouste présentée par les officiers municipaux et le citoyen Lagrangi, curé de Sénezergues. Un commissaire fut envoyé dans cette commune pour prendre des renseignements sur le compte des détenus et procéder à l'inventaire du mobilier du ci-devant curé de Sénezergues.
Le 21 mai, Pierre Grasset, ci-devant secrétaire de la commune de Roussy, fut dénoncé à l'accusateur public comme ayant propagé le fanatisme dans cette connnune et ayant fait partie du rassemblement qui délivra le prêtre réfractaire Rocher.
Le lendemain, les maire, procureur de la commune et officiers municipaux de Roussy furent suspendus provisoirement pour avoir toléré dans leur commune des prêtres réfractaires. Ils devaient être remplacés par une commission prise parmi les habitants de Roussy, d'un civisme reconnu ou parmi des étrangers à la commune. Un détachement de la force armée devait être réparti jusqu'à nouvel ordre entre tous les habitants qui auraient donné les plus grandes marques d'incivisme. Le procureur général syndic fut chargé de dénoncer tous les " quidam " auteurs ou complices des vols et spoliations des vases sacrés et ornements de l'église de Roussy et de l'attroupement qui a délivré le prêtre Rocher. Les nommés Pierre Lissorgues, Antoine Lamouroux, Marguerite Delostal et Anne Lissorgues furent écroués dans la maison d'arrêt d'Aurillac.