Claude Wilmotte

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Claude Wilmotte, né en 1938

Toi, le parent qui me lis, sache qu'on ne veut tout savoir que de ceux qu'on aime.

Les autoroute E5, E10 et E41 ouvrent la porte au Borinage, ce pays qui est le mien et dont je garde une secrète nostalgie. Le borinage ! j'y suis né, j'y ai vécu et malgré 25 années d'absence j'y suis revenu y terminer ma vie de borain, tant il est vrai que l'on ne peut jamais se séparer vraiement de ce que l'on est, même si l'on voulait faire table rase de son passé et de ses origines. Le Borinage n'est plus ce "Pays Noir" d'autre fois et ses terrils ne sont pas de "terres mortes", ses monticules noirs ont été boisés. Mon pays, le Borinage, a une ambiance toute particulière, il possède une ferme volonté de survivre, un climat humain accueillant et chaleureux et si par la suite j'évoque ses communes sous leurs anciens noms, avant fusion, c'est pour mieux en conserver leurs âmes. Le Borinage a changé sans doute, mais l'esprit de sa race est resté le même. On ne change pas l'homme comme on change les choses. L'histoire se prolonge à travers lui, même parmi son paysage transformé. Et il est à souhaiter que certains de ses terrils subsisteront pour garder à jamais son image. Vous mes petits enfants à qui je dédie ces recherches, qu'elles vous fassent connaître mon Borinage pays de mes ancêtres qui sur cette terre, de corons, de ciels gris et poussiéreux, de terrils boisés qui alternent avec de veilles mines abandonnées d'où surgissent encore ça et là les carcasses noircies de châssis à molettes, vous remémorent nos parents proches ou lointains dont l'esprit de sa race est resté le même. Vous mesurerez combien il a fallu d'obscur et tranquille courage à ceux qui vécurent et peinèrent au long des siècles, pour faire de chaqun de nous ce que nous sommes. J'ai connu un peu de cette vie dans nos corons, des meetings rouges, sont climat social, ses vielles maisons au visage humain, sa perche couverte, ce travail dur et dangereux dans la mine, plongé par ce vénérable châssis à molette bravant le temps et lourd de souvenir à plus de 1400 mètres. Tout comme toi mon petit fils qui de ta famille a son origine allemande, celle du mot Borinage vient de l'allemand "bohren", forer un puits pour en extraire le charbon, expliquerait le développement de tous les villages autour de Mons sur le territoire desquels ces forages ont été effectués et où ont peinés nos parents, Boussu, Eugies, Frameries, Hornu, La Bouverie et Wasmes.

Qué t'srot binaise d'intint én saqui m'raconter, l'visache, l'cont'nince, lé paroles lé pu simple d'mé incêtres. Combié t'srot attintif ! Sans yeuses, d'je nérchanro à rié. M'raconter leu er'welles, leu corons, leu noir terris, leu viell'fosses. Leu p'tite maisons tout'rabougries. Leu pouv'quemégn' a trôs, a boches. Le esclaf' qu'invont avec l'lantiern' ! Ouvrer d'vin dé trôs. Qué misére ! A mitan nus d'qua leus boudenn'. L'carbon qui r'monte, cé du bonheur. Lé cié qu'invons risquié leu vîe oubliant tout', fèmes é infants. Intint' courîe, intint' hurler, apré el grisoû qui vié d'busquié. Lé flammes d'infer, noir', fâte grisoû. Lé vie pu noir que des gaillettes, s'tindu tout calciné. Dé boreingnes, au diape, pire qu'in infer, face a la mort, prêt' a morie. Ferm's, droit's, pleingn' d'courach'. D'y peins lé larmes à ziés, a m'famille, a leu' villach'.


La Bouverie, le 27 novembre 2001

Claude WILMOTTE